La Lettre du Financier Territorial

Editorial

Cap sur les municipales

Publié dans le N°412 - Septembre 2025
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La rentrée des responsables locaux sera partout placée sous deux signes déterminants. La contrainte sur les recettes se durcit un peu plus ; ceux qui ont un pouvoir fiscal hésiteront à l'utiliser et tous seront à la diète pour les dotations de l'État. La perspective des élections municipales de mars 2026, qui concernent au premier chef les communes et intercommunalités, ne sera pas sans répercussions sur les départements et régions, vu l'interdépendance des politiques locales et les cumuls de mandats à ces niveaux. Le secteur communal cherchera sans doute quelques concours extérieurs, plutôt du côté des régions, pour gagner des marges de manoeuvre en investissement.

En année d'élections, les budgets locaux sont traditionnellement sans grande ambition. On préfère valoriser les réalisations achevées (beaucoup d'inaugurations au premier semestre 2025) et pouvoir annoncer les nouveaux projets lors de la campagne à venir. Aujourd'hui, la sobriété pourra même s'afficher comme un choix vertueux.

Les questions budgétaires passionnent d'ailleurs peu l'opinion publique, hormis là où les finances sont notoirement dégradées. Le débat sur l'endettement public aura-t-il quelques prolongements locaux ? La dimension partisane et politique prendra le dessus dans beaucoup de collectivités avec des vues sur les élections présidentielles et législatives de 2027 pour constituer des bases territoriales aux partis politiques et mesurer leurs forces. Coalitions de premier ou de second tour seront soigneusement analysées par les observateurs et les acteurs politiques. La politisation peut aussi, en ces temps incertains, dispenser de s'engager sur des programmes trop précis. Ce déplacement d'enjeux est regrettable, car il éloigne des affaires locales au profit de thématiques qui brouillent la signification de l'élection et le choix des électeurs, alors que la situation exige que soient tracées des perspectives exprimant une vision partagée de la société locale.

Des thèmes populaires, qui ne sont que partiellement de la compétence des élus locaux, seront mis sur le devant de la scène : sécurité, climat et environnement, social et solidarité, emploi, immigration. Attention aux fausses promesses. Saura-t-on donner la place qu'elle mérite à cette fonction essentielle des communes et intercommunalités qu'est l'organisation du vivre ensemble et de la cohésion sociale ? Cela demande davantage d'imagination, d'engagement et de courage que de pompeuses proclamations sur les sujets précités ou pour élaborer un budget au contenu largement prédéterminé.

La réforme des collectivités territoriales, si nécessaire au vu de tant de rapports du Parlement et de la Cour des Comptes qui décrivent un système « à bout de souffle », et ardemment souhaitée par les citoyens comme le montre le récent sondage IFOP pour Peuples et Régions Solidaires, sera un sujet reporté aux élections nationales. Il mobilise peu sur le terrain, en dehors des habituels reproches adressés à l'État, et les partis politiques n'ont nulle envie de s'exposer sur ce champ semé d'embûches où les intérêts contrastés compliquent la synthèse.

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