Les transformations récentes de l'emploi en France métropolitaine font l'objet de représentations qui mettent en avant deux dimensions sectorielle et spatiale. La première souligne les recompositions sectorielles de l'économie : la désindustrialisation/réindustrialisation (Gros Balthazar, Talandier, 2023), l'essor des services aux entreprises, parfois appelés tertiaire supérieur, et celui des activités présentielles qui répondent aux besoins des populations (Reynard R. et al., 2015). La deuxième dimension est marquée par le prisme de la métropolisation, avec la concentration des emplois, notamment les plus qualifiés, dans les plus grandes villes. A cette métropolisation répond un développement de l'emploi présentiel lié au renouveau démographique des campagnes des villes et de certains espaces ruraux.

L'objectif de ce texte est d'enrichir et d'actualiser ces représentations en proposant une lecture fine de la géographie de l'emploi et de ses évolutions récentes. Ces représentations tendent en effet à entretenir des oppositions binaires qui conduisent à négliger les évolutions à échelle fine. Elles reposent de plus sur des évolutions observées dans le courant des années 2000 mais dont il convient de vérifier si elles sont à l'oeuvre. Les derniers recensements ont en effet montré des trajectoires démographiques divergentes entre les espaces ruraux ou entre villes de taille comparable. Cet éclairage semble nécessaire dans la mesure où nombre de dispositifs récents se déclinent en fonction des spécialisations locales (les territoires d'industrie) ou de la hiérarchie urbaine (petites villes de demain).